ohn Woo(by TaNeorO)

 

Bon, nous voilà donc reparti pour ce deuxième volet consacré à John Woo, ben oui il me manque les K7 de la première période de maître, difficile donc de trop tailler dans le vif du sujet sans avoir vue ces précieuses K7. J'aurais adoré connaître l'œuvre de Chang Cheh avec qui JW aurait dit-on véritablement appris son métier mais là encore ma vidéothèque semble complètement vide, je ne connaîtrai donc pas la part d'influence que Woo aurait bien pu tirer du cinéma de Chang Cheh, bien que je constate que Woo se soit principalement fait connaître dans se même registre qu'est le film d'action. Quoi qu'il en soit, il est certain que la vision que Woo devait se faire d'une mise en scène dramaturgiquement oppressante, devait obligatoirement s'accompagner de cette touche de modernité et de métissage qui planait alors dans le cinéma asiatique. Son approche dans l'univers du cinéma semblait ainsi s'attacher à moderniser l'aspect visuel du cadrage, ultime étape selon lui avant de pouvoir véritablement s'attarder à la mise en scène. Woo n'a certainement rien inventé, mais disons que cette logique de casser le vase pour mieux en recoller les morceaux lui a finalement permis de mieux faire accepter les nécessaires extravagances de son cinéma. De la même façon, je pense que dans sa période " films à costumes ", Woo incarnait déjà comme un élan de modernité qui ne demandai plus qu'à endosser un cinéma plus en rapport avec son époque. Le cinéma wooïen semblait déjà bien plus ouvert que bon nombre de ces compatriotes à s'inspirer du cinéma américain ou européen, marquant comme une différence avec la génération qui le précédait. Peut-être effectivement que la modernité de Woo n'aurait rien eu de plus à gagner dans ce genre si vieux qu'est le film à costume, en tous cas, en 1986, la rencontre avec Tsui Hark allait permettre à Woo une étonnante reconversion. On ne remerciera ainsi jamais assez ce cinéaste et génial producteur du cadeau qu'il nous faisait là (si si ). Woo bénéficiant d'une inhabituelle liberté d'expression imposera donc sa vision très stylisée du polar HK.Avec le recul, et comme beaucoup de ceux qui l'ont découvert avec le Syndicat Du Crime, j'aurai aujourd'hui tendance à penser qu'avec ce film, et au vue de l'impact qu'il eu à sa sortie, JW réussissait enfin là le portage de toutes ces expérimentations précédentes.

Ici, les personnages sont, pour la plupart, " introvertis " dans une fatalité qui leur est propre, alors que l'art martial n'est finalement plus qu'une affaire d'arme à feux automatique. Voici donc que débute la seconde période de Woo et sans nul doute la meilleure. S'éloignant quelque peu des sentiers de maître Cheh, le cinéma de Woo explose vers sa propre histoire, donnant par la même occasion un nouvel élan au cinéma d'action asiatique. II faut dire que Woo aura parfaitement sut composer avec ce genre qu'est le polar, son art y exulte de façon spectaculaire, et ce, tant au niveau de la mise en scène qu'au niveau du montage. Et oui, car encore une fois le mot est lâché . Voilà certainement ce qu'il y a de plus fascinant dans le cinéma de Woo : Le montage. La maîtrise y est parfaite, hors du commun, bluffante. On se met à rêver face à cet excès de virtuosité qui pourrait donner tant à un film sans importance.( à se demander si les films du maître ne vaudraient pas justement que par leurs montages !)

 

L'impact du " syndicat du crime " fit naturellement école, et bien qu'il soit intéressant de décomposer une scène d'action du maître ,il est beaucoup plus difficile de l'imiter et ce à vitesse de travail égal, car n'oublions pas que production rime le plus souvent avec argent . Non le génie n'appartient pas à tout le monde, imiter Woo ne servirai pas non plus à grand chose mais comprendre les mechanismes de son cinéma peu néanmoins se révéler très enrichissant pour qui souhaite dynamiser un montage.

Avec des réalisateurs comme Woo le ciné HK a franchi une ère nouvelle : finie les zooms coup de poing cher aux traditionnels films de kung-fu, le cinéma d'action se teinte d'une couche psychologique supplémentaire venant accentuer la profondeur des personnages. Tout cela n'est en soit finalement pas très éloigné des mangas : rapport de deux camps opposés restant emprunt à un traditionnel code de l'honneur, mêlé au conflit plus personnel d'un être presque seul ou d'un personnage solitaire, rattrapé par son destin, et devant agir dans l'ombre. Voilà donc sur quoi viens s'appuyer le polar façon JW, dessinant des personnages flirtant avec la mort, souvent profondément meurtrie et parfois même à la limite de l'autodestruction. JW, ainsi, de la même manière que ces consœurs, tire sans nul doute sa grande force en développant parallèlement à l'action le coté émotionnel de ces personnages, leur donnant toute la richesse nécessaire qui appuiera le film et l'emmènera au climax. L'utilisation du symbolisme est ici assez remarquable, tant au niveau de sa représentation que de ce qu'il oppose. La beauté côtoie la saleté ; la fragilité la souffrance ; la joie des jeunes mariés indique paradoxalement l'annoncement prématuré d'une mort ; la blancheur se tache brutalement de sang ; enfance,innocence et pureté nous rappelle le paradis originel auquel nous prétendons tous, mais ne traverse l'histoire que pour souligner la dérive profonde et tragique d'êtres ayant perdu le fil de leur propre existence, et si la Rédemption se fait proche (sous le signe d'un cierge que l'on allume ou d'une colombe qui s'envole) tout cela frise l'ambiguïté et le repos risque on s'en doute de ne devenir qu'éternel. Voici donc pour clore cet article quelques effets de style typique à cette seconde période. Si dans la première partie j'ai voulu souligner l'utilisation intempestive du ralentissement faite par Woo, c'est que mon impression a toujours été que par-là, Woo s'octroyait un moyen supplémentaire de contrôler le poids et la sensation de ces images (maîtrise que l'on peu retrouver dans The Killer ou Volte /Face par exemple). Dans le même genre, un autre effet que l'on retrouve souvent dans le cinéma asiatique est l'arrêt d'image. Voici par exemple un extrait de Une Balle Dans La Tête (k7 tfi vidéo, à 18mn du début) : Benny viens de se marier [ben oui je sais : ( ]. Sa femme est seule à la maison quand des policiers viennent frapper à sa porte. Toc Toc Toc !

Elle ouvre, celui qui a l'air d'être le chef lui demande si son marie est là. Apparemment il n'est pas là ! " Il a tué quelqu'un je dois l'arrêter ! " dit le policier. La jeune femme a du mal à accepter la nouvelle qui vient de s'abattre, elle ne dit plus rien, tout paraît s'écrouler pour elle. Ainsi donc se termine la scène, sur un plan serré de la jeune femme anxieuse et perdue…là, l'image se fige alors et nous avons au travers de cet artifice, l'impression de rentrer dans son ressentie personnel. L'image arrêtée a évidemment la particularité de marquer d'avantage la mémoire, surtout comme ici ou elle fait plutôt figure de point d'orgue, ce qui est le cas le plus fréquemment employé. Autre exemple à présent, nous sommes dans " A toute épreuve ", Yuen, un inspecteur de police joué par Chow Yun-Fat ne s'est toujours pas remis de la mort de son coéquipier. Il voudrait coincer Johnny, le chef de la bande qu'il sait responsable de cette mort mais ne possède aucune preuve contre celui-ci. Yuen vas alors attendre le malfrat à la sortie d'un immeuble alors que celui-ci est entouré de ces gardes du corps. (nous sommes à 27mn du début, K7 TF1 vidéo, scène ext.jours).

Le policier plaque donc violemment le chef de gang contre le capot d'une voiture et lui pointe son arme sur le visage en lui lançant : " Le jour où je te coince j'te fais éclater la cervelle, souviens-toi de moi ! ", Aussitôt un des hommes de la bande surgit et donne un coup sur l'épaule du policier : " C'est ça mon pote… " réplique t'il, leurs regards se croisent alors très vite avec un premier plan qui se fige, puis un contrechamps figé qui repart aussitôt. Ici, l'information est subtile et d'autant plus brève que les arrêts se sont produit dans la continuité de la scène. Celle-ci se poursuit d'ailleurs ainsi : " souviens-toi de moi ! " répète à son tour le type en frappant alors violemment le policier au visage. Il y a, vous vous en doutez, comme un sous-entendu dans la rencontre de ces deux personnages, ici, et contrairement à notre premier exemple, ou l'arrêt terminait la scène, l'effet souligne un acte précis se situant à l'intérieur même d'une scène, pas de point d'orgue donc ici puisque l'image ne reste pas en suspens, mais plutôt une manière de souligner un détail, qui doit avoir, on s'en doute, une importance certaine dans la suite de l'histoire. Comme quoi avec pas grand chose on peu faire beaucoup ! Voici pour terminer quelques exemples de plans au ras du sol comme on en trouve souvent dans le cinéma asiatique…

Mon dossier sur JW se termine donc là, mais si tout comme moi le montage vidéo vous intéresse, si vous aimez le 7em art, le ciné HK et voulez me donner votre avis personnel sur la question, ou si tout simplement vous voulez compléter cette page un peu brouillonne, peut être fantasque et sûrement trop admirative alors n'hésitez surtout pas à utiliser ma boite aux lettres, vos critiques et vos encouragements seront les bienvenues…TO BE CONTINUED.